D'avril 1831 à février 1832, Alexis de Tocqueville (1805-1859) voyage à travers l'Amérique. De retour en France, il médite sur son expérience et consigne ses réflexions dans De la démocratie en Amérique. Il s'inscrit à cet égard dans une tradition ancienne de philosophes ayant critiqué la démocratie au motif qu'elle serait hantée par la monstruosité effrayante de la tyrannie. Ayant finement observé la société américaine durant son voyage, Tocqueville déplore l'individualisme galopant, l'obsession du bien-être matériel, l'indifférence à la chose publique, le conformisme et le règne de l'opinion.
Une démocratie ne serait saine que si chacun, isolément, après réflexion et délibération, dans son irréductible singularité et sans se laisser influencer, exprimait son avis concernant la conduite des affaires communes. Il ne s'agirait pas d'être « original » ou « extravagant », plutôt personnel et réfléchi, et de penser en première personne au lieu de se laisser noyer dans la masse de l'opinion. Ce serait donc savoir s'isoler, se couper de toute influence des sources d'information afin de penser par soi-même et de faire le point en son âme et conscience sur ce qui semble juste ou vrai.
Or, la vie démocratique consiste-t-elle dans cette manière de recueillement de tous et de chacun ? Et si ce n'est pas la cas, ce qui est la condition de la vie politique en démocratie ne risquerait-il donc pas d'être la cause première de sa perte ?
À débattre
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